La pierre angulaire de la cathédrale Christ Church fut posée en 1859, alors que le grand public s’intéressait beaucoup au Moyen Âge. C’est à cette période que Tennyson écrivit ses récits thématiques arthuriens Sir Lancelot et Idylls of the King. La compagnie William Morris se mit à fabriquer des meubles de style médiéval. Les aristocrates britanniques se faisaient peindre en costume de XIVe et XVe siècles. La popularité de l’architecture néogothique reflétait un désir ardent pour le genre de spiritualité qu’on associait à l’Église primitive. Pour en savoir plus sur l’importance et les attraits architecturaux de la cathédrale, Viser haut ! a rencontré Julia Gersovitz, directrice du projet de restauration.
VH : Y a-t-il beaucoup d’églises à Montréal du même style néogothique que la cathédrale Christ Church ?
JG : Il y a plusieurs églises néogothiques, mais la cathédrale Christ Church est unique en son genre. Plusieurs églises emblématiques ont été conçues suivant les principes de l’architecture néogothique, mais selon une esthétique ou une influence différente. Par exemple, la basilique Saint-Patrick est de style néogothique français. L’architecture néogothique anglaise était favorisée et contrôlée par un petit groupe de penseurs qui comprenaient que « le message est dans le médium ». Ils publiaient exhaustivement en Angleterre et à l’étranger et étaient tout à fait au courant de ce qui se passait au Canada. Le concept de Frank Wills pour la cathédrale de Fredericton, lequel est largement considéré comme étant le précurseur de la cathédrale Christ Church, fut critiqué parce que la hauteur de son transept n’était pas exactement la même que celle de la nef.
JG : En plus de sa simplicité et de son austérité, il y a sa taille. Elle a été conçue à l’échelle d’une cathédrale et non à celle d’une église paroissiale. Au moment de sa construction, elle était la plus grande église anglicane et l’une des plus grandes églises de toutes les dénominations de la ville. Pourtant, elle est joliment proportionnée.
VH : Quel est votre aspect préféré de la cathédrale?
JG : Sa tranquillité, sa spiritualité. C’est un endroit très spirituel. On le ressent dès qu’on y pénètre, qu’on soit anglican ou non, même si on n’est pas chrétien.
VH : Pourquoi vous êtes-vous intéressée au projet?
JG : La cathédrale Christ Church est l’un des grands monuments de Montréal. Elle est intrinsèquement liée à la ville. Depuis sa construction, elle fait partie intégrante de la vie du Mile carré doré et elle reste emblématique.

VH : Les réparations à la flèche sont-elles urgentes? Et celles à la maçonnerie?
JG : Plus nous avons travaillé sur l’édifice, plus nous y avons vu de problèmes structurels. Le bâtiment a besoin qu’on s’en occupe sérieusement, et ce, sans plus tarder. L’entretien différé est peut-être l’ordre du jour dans cette société, mais ici, on ne peut plus le remettre à plus tard.
VH : Qu’est-ce qui fait qu’elle vaut la peine d’être conservée pour les générations futures ?
JG : Elle est emblématique. Elle illustre l’évolution de la région : le déplacement de la population qui a débuté vers le milieu du XIXe siècle alors que la classe moyenne quittait le Vieux Montréal pour se loger plus au nord, sur les flancs du Mont Royal. Elle est importante pour la collectivité, même pour ceux qui ne fréquentent pas l’église. Les gens la connaissent. Elle est l’endroit auquel on fait référence quand on dit : « On se rencontre à… ». Elle est magnifique aussi, magnifiquement détaillée et construite. Pourquoi les Européens entretiennent-ils et visitent-ils leurs cathédrales gothiques médiévales ? Parce qu’ils savent qu’elles sont des œuvres d’art. Mais elle est aussi un édifice utile car elle héberge plusieurs initiatives qui desservent tant ses paroissiens que la collectivité dans son ensemble.
VH : Quel est le plus grand défi de ce projet de restauration ?
JG : Le centre commercial souterrain rend le placement des grues et des échafaudages très délicat. La pierre doit être soigneusement restaurée. Heureusement, il y a des ouvriers pour faire ce travail. Nous avons de merveilleux artisans et de grands maçons dans l’est du Canada.
VH : Pourquoi pensez-vous que les Montréalais de divers milieux appuient cette campagne ?
JG : On n’a pas besoin d’être anglican pour comprendre la valeur du bâtiment. On juge la valeur d’une chose selon plusieurs critères. L’un de ces derniers est son caractère historique. Ses éléments esthétiques et ses vitraux sont de valeur. Le contexte importe aussi. Considérez l’horizon ouvert et l’espace vert d’accès libre situé à l’arrière. La valeur spirituelle de la Cathédrale constitue aussi une valeur communautaire, en ce sens qu’elle n’est pas seulement réservée au culte de la religion chrétienne de tradition anglicane. Son rayonnement s’étend à la communauté dans son ensemble, sous forme de l’éventail de services sociaux qu’elle héberge. Elle est là pour le plaisir tous.
Soutenez la restauration de notre belle cathédrale
La taille, l’emplacement et le style néogothique de la cathédrale Christ Church en ont immédiatement fait un point de repère. Aidez-nous à conserver cette œuvre d’art historique. Des sommes recueillies par la campagne, 7 470 000 $ serviront à réparer la flèche, à restaurer la maçonnerie et les éléments architecturaux et à améliorer les installations à l’intérieur de l’église. Faites un don aux générations futures : cliquez ici et contribuez à la campagne. Petit ou grand, chaque don compte !
Julia Gersovitz est associée fondatrice de EVOQ et dirige les grands projets que l’agence réalise en contexte patrimonial dont notamment l’église anglicane Saint-Georges, la basilique de Saint-Patrick, le Pavillon des Arts de l’Université McGill, Rideau Hall, l’édifice de l’Ouest du Parlement, et maintenant la cathédrale Christ Church. Julia a amorcé sa carrière en conservation alors que cette discipline était encore peu développée au Canada. Son parcours professionnel en a fait une des grandes spécialistes de la conservation patrimoniale au pays. En combinant sauvegarde et conception, sa démarche architecturale vise à rétablir ou à maintenir la pertinence des bâtiments de tous âges à travers le présent et en prévision de l’avenir. Julia possède une compréhension approfondie des enjeux culturels, économiques, fonctionnels et réglementaires liés à toute intervention projetée en contexte patrimonial. Sa capacité à concilier nécessités de protection et attentes actuelles a été reconnue dans le cadre de nombreux projets primés et la désigne comme chef de file national dans le domaine de la conservation et de la réhabilitation de bâtiments historiques. En parallèle à sa pratique, Julia est professeure adjointe depuis 1980 à l’école d’architecture de l’Université McGill, où elle enseigne la conservation et l’histoire de l’architecture au baccalauréat et à la maîtrise. Elle est régulièrement professeure invitée au Canada et à l’étranger. Son expertise et son engagement communautaire l’ont également menée à siéger à de nombreux comités consultatifs de design aux niveaux provincial et municipal, et à diverses organisations à but non lucratif, dont près de vingt ans au conseil d’administration d’Héritage Montréal.
Rare occasion : l’Oasis Musicale présente un programme double le 3 février prochain
14 h Viktor Lazarov présente Rythmes et couleurs des Balkans, son plus récent récital mettant en vedette des œuvres de compositeurs canadiens serbes et serbes contemporains et du début du XXe siècle.
16 h 30 Patrick Wedd présente le deuxième d’une minisérie de six concerts de musique d’orgue composée par Jean-Sébastien Bach. Ces concerts d’une durée d’une heure ont lieu le premier samedi de chaque mois jusqu’en juin.
Quand : Le samedi, 3 février
Où : Cathédrale Christ Church, 635 Rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal
Don minimum suggéré: 10 $
Avocate spécialisée en droit autochtone invitée à la pause café du 4 février
Catherine Fagan, avocate spécialisée en droit autochtone, constitutionnel et environnemental sera des nôtres lors de la pause café qui suivra l’office de 10 h à la cathédrale dimanche prochain. Me Fagan est l’invitée des membres du Groupe d’action pour la justice sociale et est accueillie dans le cadre des activités liées à leur travail sur l’appel 62, l’un des 94 appels à l’action publiés par la Commission de vérité et réconciliation du Canada (TRC). Assurez-vous de nous lire la semaine prochaine, alors que nous vous présenterons une mise à jour des actitivés sur la question !
À vous la parole
Êtes-vous bénévole ou membre de la congrégation de la cathédrale ? Y avez-vous trouvé réconfort et camaraderie ? Votre expérience à la cathédrale Christ Church pourrait faire l’objet d’un article sur Viser haut ! N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse
Campaign.Communications@montrealcathedral.ca
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